L’Indri ou le Babakoto : une voix unique de la forêt

Les légendes urbaines et populaires de l’Indri Indri

Madagascar est une île reconnue pour sa biodiversité unique et exceptionnelle. Classée comme un sanctuaire de la nature et un berceau d’espèces endémiques par les scientifiques, l’île abrite environ 5 % des espèces animales et végétales uniques du monde entier.

Madagascar abrite l’origine des lémuriens, primates arboricoles endémiques à l’île. Actuellement, 112 espèces sont recensées, dont la majorité est menacée d’extinction. L’Indri, présent à Andasibe sur le site Kalanoro d’Ecovision Village, figure parmi les espèces en danger critique. L’histoire sur l’Indri-Indri.

La découverte de l’Indri remontait à très longtemps dans un petit village de l’île [1].

Autrefois, un homme surnommé Koto et son fils étaient partis de leur village pour aller chercher du miel. Ils ne sont jamais revenus et les villageois avaient décidé de les chercher, mais ils n’avaient pas pu les retrouver. Durant la recherche, ils ont remarqué que deux Indris accrochés aux arbres les observaient. Finalement, les villageois avaient conclu que Koto et son fils se sont mutés en lémurien.  C’est de cette croyance que vient le nom malgache de l’Indri : Babakoto. Ce terme signifie « le père de Koto ».

Une autre légende raconte qu’un Indri avait sauvé un père de famille et son fils dans la forêt. En voulant ramasser le miel dans un arbre, le père avait emmené son enfant dans les branches, mais il avait chuté par accident. L’enfant décida de crier pour se faire entendre. Et un Indri était venu pour le faire redescendre afin qu’il puisse aller chercher de l’aide au village.

La version la plus populaire reste sur l’histoire de Koto, un petit garçon qui était parti chercher du miel sauvage dans la forêt. Koto affairé dans l’arbre, n’avait pas vu venir une abeille qui le piqua sauvagement. Il ne pouvait plus redescendre à cause de la douleur et avait eu peur de tomber dû à la fatigue. Un Indri avait été témoin de la scène et compatissait pour le petit garçon. Il prit Koto sur son dos et l’a fait redescendre. Le garçon se retrouva donc sain et sauf et depuis, il considéra l’Indri comme son père.

Qu’en est-il de ce lémurien, en dehors de ces mythes ?

L’Indri est une espèce de primates lémuriformes appartenant à la famille des Indriidae, uniquement trouvé à Madagascar [2]. Il est principalement localisé dans les forêts tropicales de la grande île, notamment dans l’Est et le Nord-Est de Madagascar.

Cette espèce détient le titre du plus grand lémurien vivant. Sa taille varie de 64 à 72 cm. Sa masse corporelle se situe entre 5,8 et 7,1 kg, pouvant atteindre jusqu’à 9 kg. Généralement, les mâles sont plus gros que les femelles. L’Indri possède un pelage noir et blanc, des grands yeux verdâtres et des oreilles rondes. Son moignon de queue ne dépassant pas les 3 cm le différencie des autres lémuriens.

De quoi se nourrissent-ils ?

L’alimentation de l’Indri se concentre principalement sur les feuilles immatures, les fruits, les fleurs et les graines, faisant de lui un lémurien herbivore et arboricole. Il se nourrit également d’écorce selon la saison et peut rarement descendre au sol pour manger. Les femelles reproductrices sont privilégiées par rapport aux sources alimentaires et se nourrissent dans les zones où la denrée est plus abondante. Par ailleurs, ce lémurien est également un agent pollinisateur par son pelage et ses excréments.

Une vie sociale bien ordonnée

L’Indri-Indri vit en petits groupes de 2 à 6 individus, constitués d’un couple adulte et de leurs petits. C’est un lémurien monogame, lorsque son partenaire meurt, l’Indri cherche un nouveau partenaire ou quitte son territoire pour se laisser mourir dans la forêt.

C’est un animal territorial. Il interdit l’accès de son territoire aux autres groupes. Pour le marquer, les membres du groupe défèquent et urinent au même endroit. En cas de violation territoriale, ils engagent des combats coriaces pour défendre leur zone.

L'Opéra de la forêt : les puissantes vocalises de l’Indri

L’Indri est une espèce unique et célèbre pour ses chants et ses vocalises puissantes. Cela leur permet de communiquer entre eux et entre d’autres groupes pour la délimitation du territoire, les conditions environnementales, la possibilité de reproduction et les signaux d’avertissements. L’Indri chante et rugit également après une perturbation sur leur territoire. Les chants s’entendent généralement le matin entre 7 heures à 11 heures du matin. La fréquence de ces vocalises s’élève pendant la saison de reproduction. Pour augmenter l’envergure de son chant, le lémurien monte au sommet d’un arbre pour lui permettre de se faire entendre jusqu’à 4 km de distance.

À quelle fréquence se reproduisent ces lémuriens ?

La période de reproduction de l’Indri s’étend de décembre à mars. La femelle donne naissance à un seul petit tous les deux à trois ans, ce qui reflète un rythme reproductif particulièrement lent. La gestation dure entre 120 et 150 jours. L’Indri atteint sa maturité sexuelle entre 7 et 9 ans, ce qui renforce la vulnérabilité de l’espèce face aux pressions environnementales.

À la naissance, les petits sont de couleurs noires, le pelage blanc n’apparaît qu’après 4 à 6 mois. Le bébé Indri s’accroche au ventre de sa mère durant les 5 premiers mois après la naissance et passe ensuite sur le dos. C’est à partir de son huitième mois que l’Indri commence à devenir indépendant, mais il ne le sera complètement qu’à l’âge de 2 ans. 

Ecovision Village : un projet visant à sauver le territoire de l’Indri

Il est important de noter que l’Indri est l’animal emblématique de la forêt tropicale humide de l’Est de Madagascar et la majorité se regroupe principalement à Andasibe. Notre projet “Ecovision Village” fait partie de cette forêt orientale, d’où l’intervention pour protéger, conserver et maintenir la biodiversité afin de préserver la pérennité de cet animal.

Sauver la forêt Kalanoro : bien plus qu’une nécessité

The Peregrine Fund a mené des recherches et a observé un groupe de trois Babakotos lors de l’inventaire biologique de la forêt Kalanoro. Toutefois, les cris matinaux révèlent qu’au moins six groupes sont présents dans les secteurs de la forêt.

Suivant la situation phytogéographique, la forêt de Kalanoro est classée en tant que forêt dense humide sempervirente de moyenne altitude. Elle abrite 78 % d’espèces endémiques en termes de faune et flore dont l’Indri Indri, l’animal emblématique du site.

Ecovision Village face à la situation

L’Indri est classé en tant qu’espèce en danger d’extinction ou en danger critique. Même s’il est vénéré et protégé par les tabous traditionnels, le braconnage de ce lémurien devient viral. Les Indris sont chassés pour leurs peaux utilisées comme vêtement ou leurs viandes considérées comme une denrée haut de gamme dans certains villages. La principale menace pour l’espèce vient de la destruction de son habitat naturel. Cela résulte de l’exploitation forestière, de la culture sur brûlis et de la collecte de bois de chauffage.

La conservation et la protection de ce lémurien sont désormais une nécessité, car l’Indri ne peut pas survivre en captivité. Des essais avaient été établis, mais sans succès, le Babakoto fait office d’une grève de la faim, c’est-à-dire qu’il refuse de se nourrir et se laisse mourir.

Ecovision Village déploie un programme de conservation dédié à la protection de cette espèce en danger critique. L’initiative vise à préserver son habitat naturel en interdisant toute forme d’exploitation illégale ou destructrice des ressources utilisées par les lémuriens présents sur le site.

Ecovision Village est un projet à long terme pour la sauvegarde de dame Nature. Comme disait Gilbert Choulet : “ dans chaque forêt, il y a un arbre qui te correspond, pour ne pas te détruire, protège là”. Vous aussi, contribuez au développement durable avec Ecovision Village.

Références :